Édition n°3 — Pourquoi les difficultés d'Atos planent sur les Jeux
En grande difficulté, le groupe informatique Atos fait trembler ses partenaires, dont les Jeux Olympiques. 3 facteurs pour expliquer l'ampleur de cette crise.
Bonjour à toutes et à tous,
Que faire si votre chef d’orchestre tombe malade ? Allez-vous le remplacer ? Jouer les morceaux sans lui ? Annuler le concert ? 🎻🎺🎷
Ces questions planent actuellement sur Paris 2024, compte tenu des déboires de son partenaire informatique officiel Atos.
Aujourd’hui, nous allons nous intéresser à la crise majeure que traverse le groupe Atos, et à son lien avec les Jeux. 📉
Mais avant cela, place aux statistiques de la semaine…
LES STATS DE LA SEMAINE 13
1 700 publications mentionnent les sponsors sur des sujets en lien avec les Jeux, soit une baisse de 8% par rapport à la semaine précédente.
1 100 auteurs uniques ont parlé des partenaires des JOP (-6%).
Le partenaire le plus cité est Orange avec 222 mentions en 7 jours, suivi de près par Île-de-France Mobilités (215 mentions) et DECATHLON (199 mentions).
Pour la troisième semaine d’affilée, c’est le groupe LVMH qui a obtenu le plus d'engagements avec plus de 69 000 interactions.
À LA UNE – LA DESCENTE AUX ENFERS D’ATOS
Fleuron français de l’informatique et de la technologie, Atos est depuis 2001 le partenaire informatique mondial des Jeux Olympiques et Paralympiques.
A ce titre, Atos veut être le “chef d’orchestre de l’ensemble des entreprises technologiques impliquées dans les Jeux Olympiques” cet été. On peut notamment citer Alibaba, Cisco ou encore DXC Technology.
Mais les nouvelles ne sont pas rassurantes. 😨
Déconfiture. Déboires. Descente aux enfers. Les médias ne manquent pas de créativité pour décrire la situation délicate du groupe Atos. Il faut dire que les news ne sont pas roses :
19 mars : Airbus renonce au rachat d’Atos, déjà très endetté et qui se retrouve donc sans repreneur
20 mars : Bercy annonce s’emparer du sujet pour “construire une solution nationale de protection des activités stratégiques” du groupe
26 mars : Atos publie ses résultats annuels, après deux reports – le groupe affiche une perte nette de 3,4 milliards d’euros
Quel impact sur les JO ?
Si Atos tente de rassurer ses partenaires, de nombreux experts et journalistes s’interrogent désormais sur un éventuel impact des déboires du groupe sur les Jeux.
En ce sens, la crise d’Atos est un cas d’école, le partenariat avec une compétition sportive majeure produisant l’inverse de l’effet désiré.
Comprendre l’ampleur de la crise
Sans les Jeux Olympiques, les difficultés d’Atos ne seraient pas passées inaperçues mais auraient certainement obtenu une couverture médiatique beaucoup moins importante.
Par ailleurs, les activités du groupe étant multiples et parfois assez techniques, beaucoup de Français ne se seraient probablement pas sentis concernés, voire dépassés par le sujet.
Les JO changent la donne. Le statut de partenaire mondial renforce l’exposition d’Atos et aggrave la crise.
J’ai identifié 3 facteurs clés pour expliquer ce phénomène :
Le facteur “notoriété”
La visibilité du groupe est décuplée à travers Paris 2024, dans la sphère médiatique comme auprès du grand public. Des personnes qui n’avaient peut-être jamais entendu parler d’Atos, connaissent désormais le nom de cette entreprise et savent qu’il s’agit d’un acteur français de l’informatique.
En chiffres, c’est +735% de résultats, +2 200% d’interactions et +541% de reach sur les deux semaines de crise, par rapport aux deux semaines précédentes.
Le facteur “émotion”
Les Français sont fiers. Fiers de leurs Jeux, fiers de leurs athlètes, mais aussi fiers de leurs entreprises. Savoir une entreprise française qui doit assurer le bon fonctionnement des JOP en difficultés peut provoquer toute une série d’émotions : la colère, la peur, la tristesse… On retrouve ces émotions dans leurs posts et commentaires.
Le facteur “concret”
Dites à une personne qu’un hébergeur web est en faillite, elle se montrera potentiellement assez indifférente. Expliquez-lui que cet hébergeur est responsable du bon fonctionnement d’Instagram, de Google Maps ou de Deliveroo, elle sera sans doute plus inquiète. Les Jeux rendent les potentielles conséquences des difficultés d’Atos concrets, et permettent donc à tout un chacun de comprendre l’ampleur de cette crise.
“Le chrono précis, à la centième de seconde près, du vainqueur du 100 mètres, affiché en temps réel sur les grands écrans du Stade de France et sur toutes les télévisions du monde ? C’est Atos. La gestion de toutes les connexions du village olympique ? Encore Atos. Les badges d’accréditations pour tous les officiels des jeux, athlètes, entraîneurs, journalistes, chefs d’Etat ? Encore Atos.” (Extrait d’un article de BFM TV)
Affaire à suivre
Le groupe Atos aurait-il pu anticiper cette crise ? Sans doute puisque les difficultés ne datent pas d’hier.
Aurait-il dû renoncer à son partenariat avec les Jeux ? Non, d’un point de vue stratégique et réputationnel, car cela aurait envoyé un signal encore pire à ses partenaires.
Le COJO et le CIO auraient-ils dû mettre en concurrence leur “chef d’orchestre informatique” ? Peut-être. Mais cela semble difficile car ces contrats sont signés longtemps à l’avance et souvent pour une durée de plusieurs années.
Pour Atos et Paris 2024, il s’agit maintenant d’éteindre l’incendie.
C’est ce que Paul Saleh, le directeur général d’Atos, a tenté de faire dès l’annonce des résultats financiers, en abordant lui-même la question brûlante des JO. On pourrait dire “bien joué” car il respecte les principes de base de la communication de crise : la proactivité, la transparence, l’assurance.
Pour autant, cela suffira-t-il à rassurer les organisateurs et autres parties prenantes avant les Jeux ? Affaire à suivre…
OVERTIME
Comment mesurer l’impact réputationnel d’un partenariat olympique sur une marque, à long-terme ? Les analystes de RepTrak ont tenté de répondre à cette question. Spoiler : “While in many instances companies who choose to sponsor the Olympic Games do see their reputation benefit in the short run, they struggle to maintain those gains once the Olympic events are over.” La suite ici.
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On se retrouve dans une semaine pour une édition n°4 spéciale. Au programme – Avis mitigés sur le look et le statut des volontaires.
A mardi,
Samuel